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Chapitre II (extrait)

Dans sa précipitation, il a glissé sur les jetons. Il essaye avec ses bras de se rattraper mais… trop tard, il s’affale. La porte-fenêtre de la bibliothèque a volé en éclats. Il néglige l’incident, reprend sa course-poursuite ne la quittant pas des yeux: Entourée des invités attirés par le bruit, bouche bée et prunelles écarquillées… elle figure la créature aux abois. Lâchant la coupe… elle positionne sa main comme celle de l’agent de police qui veut interdire…

– Bojomoï ! Elle est nu pieds…

D’un bond, il a enjambé la distance qui les sépare et, dans un crissement de bris de verre… l’enlève.

– Vous connaissez mon frère ?

Kyra s’était mise en tête de présider à ce qu’elle appelle : « Le choc de la rencontre ». Elle les accompagne jusqu’au grand sofa—les dévisage avec passion. Elle voudrait deviner leur vérité, aurait juré à qui voulait l’entendre que l’un et l’autre tremblaient d’émotion.

– Non. Jusqu’à cet instant, je ne savais pas que j’avais perdu mon temps, déclare Kalieff.

Il est revenu vers la flaque de champagne avant que n’interviennent Amédée et sa serpillière et, de son médius humide la caresse derrière l’oreille.

– Je fais le serment, lady Nelson, de vous emmener à Hamilton Bay.

Agenouillé, il s’est emparé de sa main et, avec un regard de mère, demande où ça fait mal.

Elle pleure de rire. L’allusion au livre qui se rapporte à Lady Hamilton, qu’elle lisait dans l’avion, a déclenché son hilarité.

Comme elle rit bien, sa souveraine des altitudes, qui offre sans pudeur son visage d’amour aux inconnus ! Kalieff pose ses lèvres sur la main, plus exactement sur la rangée de fossettes qui l’avait séduit.

Il sait… pour regarder ce visage, tenir cette main, qu’il se damne.

– Vous n’êtes qu’inconvenance, mon Fabergé.

– ça existe, Hamilton Bay ?

Les yeux grand ouverts s’étonnent.

Kalieff découvre leur couleur. Auburn. Sans une bavure. Sans un ajout, et chatoyante comme la soie. A ces joyaux, leur créateur avait voulu d’une limite : l’iris est encastré dans un chaton d’onyx. L’acuité du regard provient de ce rappel de noir. Tous les yeux qu’il avait contemplés avant ces raretés étaient inachevés. Ces prunelles étranges le troublent ; il prend conscience d’en avoir perdu la parole. Désespérément il cherche ce qu’il voulait dire et, suspendu à leur intensité, murmure

– Nous irons là-bas… ensemble.

– Je vous laisse décider de mon avenir, dit-elle, sur le ton de la plaisanterie.

Sous le coup de la voix rauque qu’il avait souhaité encore entendre, Kalieff éprouve la sensation qu’un râteau éraille son dos d’une violente caresse. Alors seulement, il saisit ses mots. Pris d’angoisse, il glisse son pouce au-delà du mont de Vénus où l’absence d’hiéroglyphe nie son avenir. Le rire si vivant le distrait de sa détresse. Pour le provoquer, il fera n’importe quoi. Elle remontait les épaules dans un mouvement d’une irrésistible féminité.

Kalieff demeure là, accroupi, tant il goûte aux prémices des délices qu’inconsciente elle lui dévoile. Le premier rire, quand il était séduisant, cristallisait pour lui l’accroche-cœur. Celui-ci l’entraînait dans la bourrasque d’un départ pour lequel il était volontaire, fantassin coincé au milieu d’un bataillon que fait cavaler le tambour-major.

Chapter II (excerpt)

In his haste, he slips on the slot-machine tokens. He tries to stop his fall with his arms but, too late, finds himself on the ballroom floor. The French door leading to the library shatters. He immediately clears the incident from his mind, regaining his trajectory with his eyes locked on hers. Surrounded by guests stirred by the noise, her mouth open and pupils wide, she resembles most a cornered animal. Dropping her glass, she signals with her hands like a police agent wanting to prevent onlookers from approaching too closely.

“Bozhemoy! She has nothing on her feet…”

In a single bound, he covers the distance separating them and with the sound of trampled glass under foot, gathers her up in his arms.

“Do you know my brother?”

Kyra had taken the liberty of presiding over what she later termed “The momentous encounter”. She accompanies them to the magnificent sofa, peering at them intently, in order to assess the truth of their statements. She would have sworn to anyone who would listen that both of them trembled with emotion.

“No,” Kalieff answers for his captive. “Until this very instant, I had no idea how much I’ve wasted my time.” He returns to the puddle of champagne just before Ambrose intervenes with his mop and with his moist middle finger caresses her behind the ear.

“I promise you, Lady Nelson, that I will take you to Hamilton Bay.”

Kneeling, he takes her hand, and with the most maternal of expressions, asks her where it hurts.

Laughter brings tears to her eyes. The allusion to Lady Hamilton, which she was reading on the plane, has immediately restored her good spirits.

Oh how well she laughs, Her Majesty of the Air, this vision of winsome loveliness, charming all present! Kalieff brings his lips to her hand, more precisely to the row of dimples which had first seduced him.

But he knows that in looking into this face, holding this hand, he is sealing his doom.

“You are incorrigible, my Fabergé.”

“Does Hamilton Bay exist, after all?”

Her wide-open gaze is astonished.

Kalieff discovers the color of her eyes. Auburn. Perfectly clear. Nothing added, and shot like silk. The Creator had only deemed it necessary to apply one limit to these jewels: the iris is in an onyx setting, the contrast lending an ineffable radiance to their splendor. All the eyes he had contemplated before these rare specimens were incomplete. These bizarre pupils unnerve him; he realizes they have rendered him speechless. Desperately he seeks what he had wanted to say and, hanging on their intensity, whispers:

“We’ll go there, together.”

“My future is in your hands,” she responds, jokingly.

Ever since their first meeting, his entire being has been yearning to hear her delectably raspy voice once more. Kalieff feels as if a rake is scratching his back with a violent caress. Only afterward does he realize what she has said. Quivering with anguish, he slips his thumb beyond the mount of Venus where the lack of an inscription denies her future. Her lively laugh distracts him from his distress. To make her laugh, he would do anything. She shrugs her shoulders in a gesture of irresistible femininity.

Kalieff remains at her side, kneeling, so much does he enjoy the foretaste of the delights she reveals to him unconsciously. The first seductive laugh had set his resolve. The latter leads him into the flurry of a departure for which he volunteers readily, like a foot soldier stuck in the middle of the squadron impelled forward by the beat of a drum.

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